Roland Fischer
Roland FISCHER est né en 1958 à Sarrebrûck, en Allemegne ; il vit et travaille actuellement à Munich. Cet artiste s’est intéressé à l’aspect psychologique de ses sujets, qu’il s’agisse de personnes ou d’édifices. La tendance à rapprocher un objet figuratif d’un espace ;tendant vers l’abstraction au moyen d’un cadrage rigoureux est caractéristique de sa démarche
 Sans Titre, 1996
photographie couleur, 230*150cm
collections publiques d’art contemporain du Conseil Général de la Seine Saint-Denis
œuvre photographiée par François Poivret
© ADAGP, Paris 2006

Cette œuvre est issue de la série Cathedrals, composées à partir de prises de vue intérieures et extérieures de chefs d'oeuvres de l'architecture gothique européenne. Le style gothique, caractérisé par la projection de la structure interne de l'édifice sur sa façade, se prêtait idéalement au procédé de superposition conçu par l'artiste. Les images résultant de cette opération donnaient naissance à un espace fictif, mais reposant toutefois sur la transposition visuelle et littérale d'un concept. L’apparente complexité de l’image vient de la juxtaposition de deux espaces habituellement disjoints à savoir l’intérieur et l’extérieur, ce qui confère à la composition un effet de vibration hypnotique, une forme de chatoiement lumineux qui s’impose au regard et qui fait passer en second plan l’origine figurative de l’œuvre. L’artiste manifeste ici son goût pour la peinture conceptuelle des années 70 par ses choix de composition et de traitement de l’image se rapprochant plus d’un ordonnancement de surfaces, de champs colorés et de motifs que d’une volonté documentaire.


L’artiste crée par l’intermédiaire de son image un stéréotype d’espace pour la foi que le visiteur ne peut que contempler et dont l’action hypnotique crée de manière originale un phénomène d’éloignement. L’aspect religieux apparaît comme secondaire bien que cette image laisse transparaitre la dynamique qui a fait naitre ce batiment à savoir la rencontre de la théologie et des mathématiques appliquées à l’architecture. Placée dans le musée d’Art et d’Histoire de Saint Denis, l’image peut se charger d’une intensité métaphorique établissant un parallélisme entre les rencontres intérieur/extérieur et théologie/mathématiques, d’autant plus que la grande taille de l’œuvre est propice à l’absorption. Cependant, le regard se perd dans une construction fractale illusoire, hésitant toujours entre planéité et profondeur ce qui au final contribue à maintenir le visiteur à distance dans un état de contemplation. Fischer semble prendre position en faveur d’un formalisme qui remet en cause toute notion de réalité documentaire habituellement allouée au médium photographique.

Cet état de contemplation et la mise à plat intérieur/extérieur rejoint l’organisation d’un lieu où figurent encore les marques de l’intériorité de ses premières résidentes.

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