Sébastien Millier
Sébastien Millier est né en 1973 à Soisy sous Montmorency ; il vit et travaille actuellement à Paris et Sydney. Après des études de mathématiques, il devint photographe freelance en 1998, ses productions se tournant principalement vers le portrait et la nature morte. En parallèle de ses activités éditoriales et publicitaires, il développa un engouement pour une production photographique plus personnelle destinées à l’exposition.
 Sans Titre, 2005
photographie couleur, 100*80cm
Courtesy de l’artiste
 
 
 
 
 

Le sujet cadré plein centre est symbolique et liée à l’effet psychologique produit par le sujet sur l’observateur et représente ainsi le sentiment de l'observateur plus que le sujet lui-même. C’est pourquoi cette composition n’intéresse pas Millier qui préfère focaliser l’attention sur son modèle afin de conserver ses qualités évocatrices et de jouer avec.

La composition par les lignes permet de renforcer la visibilité d'un élément de l’image. Non symétrique, elle propose un ordre de déchiffrement et peut donc suggérer une fiction et pas seulement un état.


Habituellement, une profondeur de champ réduite peut limiter la dispersion des regards possibles mais l’artiste a choisit de montrer ici plus que les yeux ne peuvent discerner distinctement, il joue sur la fascination du fourmillement, le regard se perdant dans les infinies infractuosités de la pierre et dans la complexité des reflets et transparences de l’eau.


Du même coup se trouve exacerbée l'impression d'intimité psychologique déjà contenue dans le choix du sujet ce qui renforce la valeur narrative de cette photographie, les éléments comme l’eau et les irrégularités de la pierre complétant de manière indicielle le récit amorcé par les allumettes. Le fait qu’elles soient carbonisées et placées en croix convoquent le passé du musée pour l’inclure dans la narration ; la rencontre entre cette œuvre et la sentence qui lui fait face « Encore un pas et puis le ciel » amplifie le développement du récit d’autant plus que la mise en espace s’effectue dans l’ancienne infirmerie du carmel.


« La matière est surprenante. Elle s’inscrit invariablement dans un cycle de vie, une sorte de résilience, de matière première à matière première. L‘objet, quant à lui, évolue en parallèle. Il a une vie bien particulière, orchestrée de A à Z par une étude marketing bien ficelée. Mais qu’arrive-t-il lorsque celui-ci perd son utilité (ou futilité) première? Bien souvent il termine sa course dans l’oubli, oscillant entre la vie et la mort quelques instants avant de disparaître à jamais. C’est précisément ce court laps de temps qui m’intéresse. Traqué à la limite de son repaire sépulcral, surpris confiné dans son interstice ou enseveli dans sa tourbe, l’objet se dévoile parfois de façon inattendue... » Sebastien Millier.


http://www.sebastienmillier.com