Christian
Zeimert
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Né à paris
en 1934 ou il vit et travaille actuellement, Christian Zeimert se classe
parmi les artistes incohérents, peintres de l’humour et il se définit lui-même
comme peintre calembourgeois, forme qu’il a pratiqué aussi dans des émissions
diffusées par France Culture, telles que "Les Détraqués" et "les
Papous dans la tête". Ce que nous apprennent surtout les Arts incohérents,
c’est que le rire par son détournement de sens crée une distance capable
de rafraichir l’intellectualisation de l’art. |
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Cubisme
Déchirant, 1986
huile sur toile 116,5*89,5cm
collections publiques d’art contemporain du Conseil Général
de la Seine Saint-Denis
œuvre photographiée par Jean-Luc Cormier
© ADAGP, Paris 2006 |
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Au début
des années 60, il rejoint le collectif artistique PANIQUE en compagnie de
Roland Topor, Alejandro Jodorowsky, Fernando Arrabal, Olivier O. Olivier,
Diego Bardon, Sam Szafran, Abel Ogier, Michel Parré, Roman Cieslewicz, Jérôme
Savary, Jacques Sternberg,... Pour reprendre les termes de Topor, « Panique
n’est ni un groupe ni un mouvement artistique ou littéraire ; il serait
plutôt un style de vie. » |
A l’instar
des surréalistes qu’ils côtoyèrent un temps pour ensuite fuir le dogme et
la figure patriarcale d’André Breton, ce collectif brilla par son emphase
dionysiaque , son désir de liberté et son humour. Pour donner un exemple,
Diego Bardon, matador espagnol et membre du collectif, lors d’une corrida,
refusa de mettre à mort le taureau, préférant lui tendre une feuille de
salade ce qui déclencha un tollé dans l’arène. Par la suite, il fut invité
par une association de défense des animaux à venir participer à une conférence
publique dans laquelle il entreprit un bref discours qui consista, sous
l’œil stupéfait de l’assistance, à tuer de ses mains un poulet vivant ce
qui créa un nouvel esclandre. Ce coté humoristique, paradoxal et révolutionnaire
est caractéristique de ce mouvement artistique. |
Puis avec Henry Cueco, Lucien Fleury, Jean-Claude Latil, Michel Parré, et
Gérard Tisserand, Zeimert fonde le Front révolutionnaire des artistes plasticiens
(FRAP) qui récuse toute participation à l’institution culturelle préférant
tenter de la pervertir. Ils ont animé, en mai et juin 1968, l’Atelier graphique
du comité d’occupation des beaux-arts qui a produit les désormais célèbres
affiches du mouvement de Mai. |
Cet artiste
n’a eut de cesse dans toute sa vie de cultiver ce côté révolutionnaire redoublé
d’un humour noir qu’il affectionne depuis l’enfance. les thèmes récurrents
que l’on retrouve de manière obsessionnelle dans ses œuvres demeurent principalement
l’armée, les calembours ainsi que le jeu entre peinture et écrit.. |
Ainsi, Le Cubisme
Déchirant ne déroge pas à cette règle : le visiteur retrouve dans cette
toile un sujet vu sous plusieurs angles et représentés dans le même cadre,
une appropriation humoristique d’une composante du cubisme ; le côté déchirant
ressort non seulement textuellement dans cette œuvre que redouble la simplification
dans l’appropriation du cubisme en ce sens ou les angle bien que réunis
dans un même cadre sont séparés les uns des autres et de plus, le sujet
représenté est blessé, déchiré lui aussi ; le choix de peindre un militaire
passe pour un rappel libertaire de la condition d’apparition de cet avant-garde
à savoir la première guerre mondiale, la souffrance, qui se retrouve dans
les sentences proches de cette œuvre dans le musée ainsi que dans les œuvres
de la collection permanente qui l’entourent. |